mercredi 26 novembre 2008

Ils veulent détruire la Suisse par l'argent.

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Le pouvoir monétaire
réside dans les banques

 

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(Article de Louis Even, paru dans Vers Demain de janvier 1970.)

Le pouvoir législatif a son siège dans les Parlements, puisque c'est là que les lois sont discutées et votées.

Le pouvoir exécutif siège dans les bureaux des ministres, puisque ce sont eux, le premier ministre et son Cabinet, qui prennent les décisions qu'ils font exécuter par leurs fonctionnaires.

Le pouvoir judiciaire loge dans les tribunaux, dans les palais de justice, puisque c'est là que les juges exercent leurs fonctions.

Et où réside le super-pouvoir, le pouvoir monétaire?

Le pouvoir monétaire réside dans les banques. C'est dans les banques, en effet, que naît et meurt le crédit financier.

C'est en effet lorsqu'une banque consent un prêt, soit à un entrepreneur, soit à un commerçant, soit à un gouvernement, que du nouveau crédit financier vient au monde. Le banquier inscrit le montant du prêt accordé, il l'inscrit au crédit du compte de l'emprunteur, comme si l'emprunteur avait déposé ce montant. L'emprunteur ne l'a, pourtant, ni apporté ni déposé, car il venait pour obtenir de l'argent qu'il n'avait pas.

L'emprunteur pourra tirer des chèques sur ce compte qu'il n'avait pas en entrant, et qu'il a en sortant.

Or, aucun autre compte d'aucun autre client de la banque n'a été diminué. C'est donc un compte de plus ajouté aux comptes déjà existants. Le total des crédits dans le total des comptes de cette banque est donc augmenté du montant du compte nouveau.

Il y a donc augmentation du crédit financier, de l'argent bien moderne qui va être mis en circulation par les chèques de l'emprunteur sur ce crédit nouveau.

Inversement, lorsqu'un emprunteur rembourse à la banque, du crédit précédemment emprunté, ce sera autant de crédit de moins dans la circulation. Autant de sang de moins dans l'organisme économique.

Une simple opération comptable, faite d'une plume et d'une goutte d'encre, avait mis le crédit financier au monde. Une autre opération comptable, lors du remboursement, met ce crédit dans le cercueil.

Il est clair que si, dans une période donnée, le total des prêts dépasse le total des remboursements, cela met plus de crédit en circulation qu'il en est mis dans la tombe. Au contraire, si le total des remboursements dépasse le total des prêts, c'est une période de diminution de crédit en circulation.

Si la période des diminutions se prolonge, tout l'organisme économique s'en ressent: on appelle cela une crise. Une crise causée par une restriction de crédit.

Ces périodes d'augmentation et ces périodes de diminution ne sont donc pas dues au hasard mais à l'action des banques. Ce ne sont pas des vaches grasses et des vaches maigres naturelles, ce sont des vaches bancaires rendues grasses ou maigres selon le régime des prêts et celui des remboursements.

Vu que l'emprunteur doit rembourser plus que le montant qui lui a été accordé, à cause de l'intérêt exigé, il faut qu'il tire de la circulation plus d'argent qu'il y en a mis. Pour cela, il doit ôter de la circulation, en supplément, de I'argent que d'autres y ont mis. Comme tout crédit nouveau vient des banques, avec cette condition de rembourser plus d'argent que les montants accordés, il faudra nécessairement que d'autres em- prunteurs succèdent aux premiers. Ces seconds souffriront eux-mêmes doublement, ayant à trouver leur propre supplément, pour l'intérêt, dans une circulation de crédit déjà ébréchée par le supplément qu'en ont extrait les premiers.

La chaîne continue de même pour les emprunteurs suivants. Les remboursements en viennent à frôler l'impossible. Les banques alors restreignent leurs prêts, ce qui ralentit toute la vie économique. Elles en font jeter le blâme sur la population qui en souffre.

Pour que le flot de crédit nécessaire à la vie économique reprenne, il faudra reprendre la chaîne des emprunts, engendrant une chaîne de dettes de plus en plus grosses.

Outil du super-pouvoir

Le système bancaire actuel est l'instrument dont se sert le super-pouvoir monétaire pour maintenir sa suprématie sur les peuples et sur leurs gouvernements. Aidé en cela par l'absurde règlement politico-financier, qui lie la distribution de pouvoir d'achat à l'emploi, dans une production qui a de moins en moins besoin d'employés pour fournir les biens nécessaires à la vie.

Il ne faut pas conclure de là que votre banquier local fait partie de cette dictature. Il n'est qu'un subalterne qui, probablement, n'a même pas conscience qu'en inscrivant des prêts dans le livre de sa banque, il crée du crédit, et que les remboursements qu'il y inscrit détruisent ce crédit.

Ce n'est pas lui, non plus, qui décrète les restrictions de crédit qui anémient l'organisme économique. Il ne fait qu'agir selon les directives qu'il reçoit, sans avoir l'idée de se soucier des conséquences.

Vous entendrez encore des instruits attardés nier que le volume du crédit en circulation dépende de l'action des banques. Ces instruits attardés, ou réfractaires à des évidences, fournissent un précieux appui au super-pouvoir, par leur ignorance si c'en est une, ou par des intérêts personnels qui les lient, ou par leur complicité avec une puissance qui peut leur faciliter des promotions.

Les banquiers de haute classe, eux, savent très bien que le crédit financier, qui forme le gros de l'argent moderne, naît et meurt dans les grands-livres des banques.

Un banquier anglais distingué, Reginald McKenna, qui fut un temps ministre des Finances de son pays (Chancelier de l'Echiquier), puis plusieurs années chairman de la Midland Bank, une des cinq grosses banques (Big Five) d'Angleterre, disait, en 1934, à une assemblée annuelle des actionaires de cette banque:

«Le peuple ignore généralement que le volume de l'argent en circulation dépend de l'action des banques. Tout prêt bancaire, direct ou par découvert (overdraft), augmente le flot de crédit en circulation, et tout remboursement d'un prêt bancaire diminue ce flot d'un montant égal au remboursement.»

Ayant aussi été ministre des Finances, McKenna savait très bien où réside le plus gros des deux pouvoirs, celui de la banque ou celui du plus haut gouvernement du pays. Il eut même la franchise, rare chez des banquiers de ce niveau, de déclarer:

«Elles (les banques) contrôlent le crédit de la` nation, dirigent les lignes de conduite des gouvernements et tiennent dans le creux de leurs mains les destinées des peuples.»

Ce qui s'accorde parfaitement avec ce que Quadragesimo Anno de Pie XI dit de ceux qui,

«gouvernant le crédit et le dispensant selon leur bon plaisir... tiennent entre leurs mains la vie de l'organisme économique, si bien que, sans leur consentement, nul ne peut plus respirer».

 

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Admiration.
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Avec mes meilleures salutations.

François de Siebenthal
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