lundi 26 octobre 2009

Miracles de Nagasaki et Hiroshima sur France 2

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Nagasaki, 1945

http://www.crc-resurrection.org/Renaissance_catholique/Mystique/images/nagasaki.jpg

Monseigneur Joseph-Mitsukaki Takami, archevêque de Nagasaki.

http://www.lejourduseigneur.com/index.php/jds/Programmation/France-2/Messe-a-Nagasaki

Homélie de la messe à Nagasaki

Vivre notre foi comme la lumière qui éclaire toute notre existence


Les chrétiens connaissent tous le nom de saint François-Xavier. Saint François-Xavier, le premier missionnaire venu annoncer l'Évangile au Japon. Arrivé en 1549, dès l'année suivante, saint François-Xavier avait déjà baptisé une centaine de Japonais pendant son séjour à Hirado, au nord de notre diocèse actuel. Puis, très rapidement, grâce à la prédication de pères jésuites et d'autres missionnaires venus en renfort, un mouvement de conversion se développa à Nagasaki même et dans d'autres régions du Japon. Le pouvoir politique s'inquiéta bientôt de cette expansion du christianisme et, en 1614, le shôgun Tokugawa, parvenu à unifier le pays sous sa direction, décréta l'interdiction de la foi chrétienne. On dit qu'à l'époque les catholiques japonais étaient environ cinq cent mille, c'est à dire autant que de nos jours. Les persécutions firent des milliers de martyrs dont plusieurs ont été déclarés bienheureux ou canonisés, comme saint Paul Miki et ses compagnons, (exécutés à Nagasaki en 1597,) saint Thomas Nishi et ses compagnons, ou encore Pierre Kibé et ses 187 compagnons, béatifiés ici même à Nagasaki au mois de novembre dernier.

La persécution cependant ne parvint pas à anéantir l'Église de Jésus Christ. Alors qu'ailleurs au Japon les communautés chrétiennes disparurent peu à peu au fil des ans, dans la région de Nagasaki elles réussirent à survivre. En l'absence de prêtres et dans l'impossibilité de révéler leur identité, les chrétiens s'organisèrent pour vivre leur foi dans la clandestinité. Restés fidèles à la pratique de la prière, et en particulier au culte de la Sainte Vierge, ils administraient le baptême à leurs enfants et se donnaient aux œuvres de charité. Cette vie, en Église souterraine pour ainsi dire, a continué pendant près de 25O ans. C'est seulement en 1865 que quelques uns des descendants de ces chrétiens cachés purent rencontrer un prêtre. Le père Petitjean, des Missions Étrangères de Paris, profitant des accords passés entre le Japon et la France en 1859, avait pu construire une église à Oura et c'est dans cette église que vinrent le trouver les chrétiens. On put croire alors à une résurrection de l'Église visible, mais une terrible persécution s'abattit à nouveau sur les chrétiens dans toute la région. En particulier tous les paroissiens de Urakami, l'église où nous sommes aujourd'hui, 3500 environ, furent déportés dans d'autres régions du Japon et beaucoup furent martyrisés. Après 1873, l'édit de persécution ayant été révoqué, ceux qui purent revenir à Urakami avaient perdu tous leurs biens. Ils durent repartir de rien. Ils mirent trente ans pour reconstruire leur église, laquelle église, vingt ans plus tard, a été détruite par la bombe atomique.

On peut dire que le sol de Nagasaki a été fécondé par le sang des martyrs, par la foi de nombreux chrétiens fervents, et par la tragédie de la bombe atomique. Les chrétiens de Nagasaki ont vécu à travers ces épreuves le mystère pascal, le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. Ils ont été associés aux souffrances du Serviteur souffrant et à la mort rédemptrice du Christ qui a apporté le salut aux hommes.

Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, les croyants jouissent de la liberté de religion qui est reconnue par la Constitution. Cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas de problèmes à affronter.
Aujourd'hui pour faire face aux difficultés que nous connaissons, et pour rendre témoignage à l'Évangile par nos paroles et par nos actes, il faut avoir en mémoire les raisons pour lesquelles les gouvernements ont, dans le passé, persécuté si cruellement les chrétiens. (Il faut nous souvenir aussi de l'attitude qu'ont eue ces derniers.) D'abord les gouvernants ne voyaient pas l'utilité du christianisme, le bouddhisme, le shintoïsme et le confucianisme devant, selon eux, suffire aux besoins du peuple. Ensuite, l'Évangile montre clairement que tous, hommes et femmes, sont égaux devant Dieu. Revendication d'égalité inadmissible dans la société hiérarchisée du régime féodal où tous les pouvoirs sont détenus par le shôgun. Enfin, les missionnaires et les chrétiens prenaient soin des malades, des pauvres, des opprimés et des marginaux de toute sorte, catégorie de gens qu'on craignait de voir se révolter contre le gouvernement. Le christianisme était donc une religion dangereuse, une religion perverse.

Face aux prétentions du pouvoir politique, nos devanciers ont su rester fermes dans la foi, la foi en l'existence de Dieu qui veut sauver tous ceux qui se confient à lui dans l'amour, la foi en Jésus Christ ressuscité qui ouvre la voie du vrai bonheur. Un grand nombre parmi nos ancêtres ont donné leur vie en témoignage de cette foi, et beaucoup, parmi ceux qui ont survécu ont gardé cette foi comme un trésor et veillé à la transmettre à leurs enfants et petits-enfants.

Aujourd'hui encore, nous aussi sommes appelés à vivre cette même foi, non pas comme la pratique de quelques dévotions ou l'obéissance aveugle à des commandements, mais comme la lumière qui éclaire toute notre existence, dans notre vie personnelle et familiale et dans tous les domaines de la vie sociale. Nous reconnaissons, bien sûr, l'égalité de tous les humains devant Dieu, mais n'y a-t-il pas encore dans les jugements que nous portons sur autrui et dans notre comportement beaucoup de contradictions avec ce que nous croyons ? Mépris des autres, discrimination en fonction des différences de race, de religion ou de culture... violation des droits fondamentaux... Les martyrs d'autrefois ont versé leur sang pour la cause de l'égalité entre les hommes. Aujourd'hui faisons-nous assez pour promouvoir cette égalité ?
Nous ne pouvons pas rester indifférents en voyant se creuser dans notre monde les inégalités entre les riches et les pauvres. La société de consommation dans laquelle nous vivons est pénétrée de matérialisme et de relativisme, victime de l'égoïsme de beaucoup. C'est dans cette société que nous devons vivre la foi au Christ « qui n'est pas venu pour être servi mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10,45) Notre existence doit être tout entière centrée sur lui, le Christ, qui nous apprendra à donner gratuitement notre vie aux autres et à travailler ainsi à l'unité des hommes entre eux et avec Dieu. Oui, rendons témoignage au Christ avec conviction en restant fermes dans l'espérance. « Frères, en Jésus le Fils de Dieu nous avons le grand prêtre par excellence [...] tenons donc ferme la profession de notre foi. » (Heb 4,14) Et pour cela « avançons donc avec pleine assurance vers le Dieu tout puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. » (Heb 4, 16)

Référence des chants

Prédicateur : Joseph-Mitsukaki Takami
Références bibliques : Is 53, 10-11; Ps. 32; He 4, 14-16; Mc 10, 35-45
Paroisse : Cathédrale Notre-Dame


Nagasaki, maison de Maximilien Kolbe.

Il y avait une maison à environ 1 kilomètre de l'endroit où la bombe A  a explosé à Hiroshima au Japon. Cette maison avait une église qui a été complètement détruite, mais la maison a survécu, tout comme les huit allemands missionnaires jésuites qui priaient le rosaire dans cette maison fidèlement chaque jour. Ces hommes étaient des missionnaires pour le peuple japonais, ils étaient des non-militaires, mais parce que l'Allemagne et le Japon étaient alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, ils étaient autorisés à vivre au Japon pendant la guerre.

Non seulement ils ont survécus tous avec au plus quelques petites blessures relativement mineures, mais ils ont tous vécu bien après cette terrible journée sans le mal des rayons, pas de perte de l'ouïe, ou tout autres défauts visibles à long terme. Naturellement, ils ont été interrogés et examinés à plusieurs reprises (Fr. Schiffer, un survivant, a déclaré plus de 200 fois) par les scientifiques et les soins de santé au sujet de leur expérience remarquable et ils disent "nous croyons que nous avons survécu parce que nous vivions le message de Fatima. Nous avons vécu et prié le chapelet tous les jours dans cette maison. "

Fr. Arrupe, un Basque, avait eu sa vocation quand il était étudiant en médecine et témoin d'une guérison miraculeuse à Lourdes. Après le bombardement d'Hiroshima, il met sur pied un hôpital de fortune et a soigné plus de 200 blessés et mourants.

Pour son livre "Hiroshima", écrit peu de temps après l'événement, John Hersey interrogé l'un des prêtres jésuites, le P.. Schiffer, IIRC, et cinq autres survivants.

Les huit prêtres étaient encore vivants en 1976, lorsque l'un d'eux a adressé une conférence eucharistique dans les Etats-Unis

En outre, un couvent franciscain avait été construite à Nagasaki par saint Maximilien Kolbe. Le Seigneur lui dit de le construire derrière la crête d'une colline et la colline l'a protégé de  l'explosion.

...

Voici quelque chose de plus j'ai pu trouver concernant la Ville Marie, à Nagasaki:

« Le 9 Août 1945, par ordre de Truman, une 2ème bombe atomique est tombée sur la ville de Nagasaki. La cathédrale du Cœur Immaculé de Marie est détruite. Cependant, Maximilian Kolbe Mary's Town et les Frères Franciscains à l'intérieur sont laissés indemnes, à l'exception de quelques vitraux. Une fois de plus, ces moines ont été consacrées à la Sainte Mère et prié le chapelet tous les jours. "

"Le 15 août 1945, la Seconde Guerre mondiale est terminée. C'est la fête de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie."

Je n'avais jamais réalisé la Deuxième Guerre mondiale s'est terminée le jour de l'Assomption, ...


Je suis d'accord que chaque année des visites d'Hiroshima et de Nagasaki devraient être exigées de tous les dirigeants politiques, à leurs propres frais. Une bonne dose de réalité et de nausées serait éducatif pour eux.

DemBones

Vous pouvez vous joindre à la messe qui a lieu à Nagasaki sur France 2 demain à 11h00

Autre miracle:

Cher Monsieur,

C'est bien volontiers que nous vous accordons l'autorisation demandée. Nous demandons simplement d'indiquer l'origine du texte, en mettant un lien vers notre site ou autre solution suivant vos possibilités.

Avec l'assurance des prières de toute la communauté

Père Dominique Savio Marie

Abbaye saint Joseph de Clairval
F-21150 Flavigny sur-Ozerain
Tél : (33) 0 380 962 231
Fax : (33) 0 380 962 529
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Notre site commercial : www.traditions-monastiques.com
All that I could give you is nothing if I do not give you God !

Dimanche 18 octobre, Messe à 11h00 à Nagasaki: la ville de la bombe atomique. Et des martyrs chrétiens.

11.00 France 2
Messe
Messe célébrée en direct de la cathédrale Notre-Dame à Nagasaki au Japon.
Prédicateur : monseigneur Joseph-Mitsukaki Takami, archevêque de Nagasaki.


Le Jour du Seigneur retransmet pour la première fois une messe télévisée en direct du pays au soleil levant, dans le cadre de la commémoration des bombardements de Nagasaki, survenus en 1945. Arnaud de Coral interviendra à l'antenne pour la dernière fois en tant que producteur, pour expliquer les rites liturgiques.
En 1985, des cérémonies furent organisées à Hiroshima et Nagasaki (Japon) en mémoire des victimes des bombes atomiques lancées sur ces deux villes, quarante ans auparavant. Un témoin oculaire de ces célébrations remarque: «À Hiroshima, il y a de l'amertume, du bruit, c'est très politique... Le symbole pourrait en être un poing serré de colère. À Nagasaki, il y a de la tristesse, mais aussi le calme, la réflexion, il n'y a pas de politique, on prie. On n'y blâme pas les États-Unis, mais on y pleure plutôt le péché de la guerre et, plus particulièrement, de la guerre nucléaire. Le symbole: des mains jointes pour prier». Plus que tout autre, l'influence du docteur Takashi Nagaï explique le climat spirituel qui régnait ce jour-là à Nagasaki. Un prêtre disait de lui: «Si nous avons un peu de cette foi que possédait Nagaï en la providence du Père éternel et en la valeur universelle de la mort du Christ, nous pourrons affronter chaque événement dans la paix». Qui donc était ce docteur Nagaï?

Takashi Nagaï est né en 1908, à Isumo près d'Hiroshima, dans une famille de cinq enfants, de religion shintoïste. En 1928, il entre à la faculté de médecine de Nagasaki. «Dès mes études secondaires, écrira-t-il, j'étais devenu prisonnier du matérialisme. À peine entré à la faculté de médecine, on me fit disséquer des cadavres... La merveilleuse structure de l'ensemble du corps, l'organisation minutieuse de ses moindres parties, tout cela causait mon admiration. Mais ce que je maniais ainsi, ce n'était jamais que pure matière. L'âme? un fantôme inventé par des imposteurs pour tromper les gens simples».

Le dernier regard d'une mère

Un jour de 1930, un télégramme lui parvient de son père: «Viens à la maison!» Il part en toute hâte, pressentant quelque malheur. À son arrivée, il apprend avec stupeur que sa mère a eu une attaque et qu'elle ne peut plus parler. Il s'assied à côté d'elle et lit dans son regard un dernier "au revoir". Cette expérience de la mort va changer sa vie: «Par ce dernier regard pénétrant, ma mère démolit le cadre idéologique que j'avais construit. Cette femme, qui m'avait mis au monde et élevé, cette femme qui ne s'était jamais donné un moment de répit dans son amour pour moi, aux derniers instants de sa vie, me parla très clairement. Son regard me disait que l'esprit humain continue à vivre après la mort. Tout cela venait comme une intuition, une intuition qui avait la saveur de la vérité».

Takashi commence alors la lecture des "Pensées" de Pascal, auteur français du XVIIe siècle, poète et savant. «L'âme, l'éternité  Dieu. Notre grand prédécesseur, le physicien Pascal avait donc admis sérieusement ces choses! se dit-il. Ce sage incomparable y croyait vraiment! Que devait être cette foi catholique, pour que le savant Pascal pût l'accepter, sans contredire sa science?» Pascal explique que nous rencontrons Dieu par la foi et dans la prière. Même si vous ne pouvez encore croire, dit-il, ne négligez pas la prière ni l'assistance à la Messe. Je suis toujours prêt à vérifier une hypothèse au laboratoire, pense Nagaï, pourquoi ne pas essayer cette prière sur laquelle Pascal insiste tant? Il décide de chercher une famille catholique qui accepte de le prendre comme pensionnaire pendant ses études. Cela lui donnera des occasions de connaître le catholicisme et la prière chrétienne.

Il est reçu dans la famille Moriyama. M. Moriyama, marchand de bestiaux, descend d'une de ces vieilles lignées chrétiennes qui, à travers 250 ans de persécutions, surent conserver la foi apportée au Japon par saint François Xavier. La pureté de cette foi chrétienne étonne le jeune Nagaï: d'humbles fermiers lui enseignent par leur exemple ce qu'avait cru Pascal, le grand savant!

En mars 1932, une sévère otite le rend sourd de l'oreille droite, et bouleverse par le fait même ses projets d'avenir: ne pouvant plus se servir du stéthoscope, il doit renoncer à la médecine ordinaire. Il oriente alors ses études vers la médecine radiologique, qui débute au Japon. Il prend conscience des possibilités énormes que cette science met à la disposition des médecins pour déceler les maladies.

M. et Mme Moriyama ont une fille, Midori, institutrice dans une autre ville. Tous trois prient pour la conversion de Takashi, pensant que peut-être Dieu le leur a envoyé dans ce but. Le 25 décembre 1932, Midori est chez ses parents pour la fête de Noël. «Docteur, demande M. Moriyama à Takashi, pourquoi ne venez-vous pas avec nous à la Messe de minuit? - Mais, je ne suis pas chrétien! - Peu importe, les bergers et les rois mages qui vinrent à l'étable ne l'étaient pas non plus. Pourtant, quand ils virent l'Enfant, ils crurent. Vous ne pourrez jamais croire, si vous ne venez pas prier à l'église». Après quelques instants, Nagaï se surprend lui-même à répondre: «Oui, j'aimerais vous accompagner ce soir». Cinq mille chrétiens remplissent la cathédrale, chantant tous le même Credo en latin. Nagaï est fortement impressionné et encouragé dans sa réflexion sur la religion catholique, sans cependant se laisser convaincre.

Le petit catéchisme de Midori

Une nuit, M. Moryama vient réveiller Takashi: Midori se tord de douleur sur sa couche. Très vite, le jeune médecin diagnostique une appendicite aiguë. Il entend M. Moryama murmurer: «C'est la volonté de Dieu. Qui sait quel bien en sortira?» Malgré la neige abondante, Takashi court à l'école voisine pour téléphoner à l'hôpital: «Allo, allo, le 32 00, s'il vous plaît, c'est urgent... Allo, ici Nagaï. Qui est aux urgences ce soir? Bon. Pourriez-vous l'appeler, s'il vous plaît?» Un ami vient répondre et Nagaï lui demande s'il peut pratiquer immédiatement une appendicectomie. Sur sa réponse affirmative, Takashi retourne chercher Midori: «Cela prendrait trop de temps d'appeler un taxi, avec toute cette neige. Nous ne pouvons pas prendre le risque d'attendre», et s'adressant à M. Moryama: «Si vous voulez bien porter la lanterne devant, je peux facilement porter Midori». Pendant le trajet, Takashi se rend compte que le coeur de Midori s'emballe et qu'elle est brûlante de fièvre. Sa vie est en danger. Il presse le pas. Enfin, voici l'hôpital! La salle d'opération est prête. Sept minutes après, tout est terminé. Midori est sauvée. En reconnaissance, celle-ci va tout mettre en oeuvre pour la conversion de son sauveteur.

L'année suivante, Takashi est mobilisé dans l'armée japonaise et il part combattre les Chinois en Mandchourie. Dans un colis que Midori lui envoie, se trouve un petit catéchisme qu'il lit avec intérêt. Au bout d'un an, il revient au pays, presque désespéré par la prise de conscience des désordres de sa vie et le souvenir des affreux spectacles de la guerre. Il se rend à la cathédrale de Nagasaki et y rencontre un prêtre japonais qui le reçoit longuement. Encouragé, Takashi reprend son travail de radiologie et se met à étudier la Bible, la liturgie, la prière des catholiques. Mais les exigences morales de l'Évangile et la nécessité de se séparer des attaches religieuses shintoïstes de sa famille font encore obstacle à sa conversion. Un jour, au milieu de ses doutes, il reprend les "Pensées" de Pascal et tombe sur une phrase qui attire son attention: «Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que voir, et assez d'obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire». Soudain, tout se clarifie pour lui. Il prend sa décision et demande le baptême, qu'il reçoit en juin 1934. Il choisit le nom de Paul, en souvenir de saint Paul Miki, martyr japonais crucifié à Nagasaki en 1597.

Deux mois plus tard, il épouse Midori. Auparavant, il a voulu faire connaître à celle-ci les risques importants auxquels l'expose son métier. En effet, les radiologues de l'époque n'avaient pas les moyens de se protéger suffisamment contre les rayons X. Midori a compris le danger pour la vie de Takashi, mais elle entre dans ses vues et partage son idéal de "pionnier", pour sauver des vies humaines. Nagaï va devenir plus qu'un médecin, un apôtre de la charité envers le prochain. Il écrit: «La tâche du médecin est de souffrir et de se réjouir avec ses patients, de s'ingénier à diminuer les souffrances comme si elles étaient les siennes mêmes. Il faut sympathiser avec leurs douleurs. Toutefois, en fin de compte, ce n'est pas le médecin qui guérit le malade, mais le bon plaisir de Dieu. Une fois que l'on a compris cela, le diagnostic médical engendre la prière».

À nouveau mobilisé, de juin 1937 à mars 1940, il participe comme médecin à la guerre sino-japonaise. Son dévouement à l'égard de tous, militaires japonais ou chinois, femmes, enfants et vieillards impitoyablement entraînés dans d'horribles tueries, a pris une extension héroïque. À son retour au Japon, les demandes de radiographies se multiplient. Bientôt, Takashi remarque sur ses mains des traces inquiétantes; il est, de plus, souvent épuisé. Il note dans son journal que parfois, quand il se sent complètement éteint, il ferme sa porte et va s'asseoir devant la statue de Marie dans son bureau. Il récite le chapelet et peu à peu retrouve la paix intérieure.

Trois ans de vie

Un collègue de Takashi le persuade de passer lui-même à la radiographie. Un matin de juin 1945, il s'exécute: «Préparez l'appareil, dit-il à son aide. - Mais, Docteur, aucun patient n'est encore là. - Le patient, le voici, répond Nagaï en montrant sa poitrine. - Et le médecin? - Le voilà! et il désigne ses yeux». À la vue de la radiographie, Nagaï a le souffle coupé: sur la partie gauche figure une large plaque noire: hypertrophie de la rate! Il diagnostique une leucémie. Il murmure: «Seigneur, je ne suis qu'un serviteur inutile. Protégez Midori et nos deux enfants. Qu'il me soit fait selon votre volonté». Le docteur Kageura, chef du département de médecine interne, confirme son analyse: «Leucémie chronique. Durée de vie: trois ans». Il a usé sa vie pour sauver des malades sans nombre, que personne d'autre que lui n'aurait pu radiographier.

Rentré chez lui, Takashi révèle tout à Midori. Celle-ci s'agenouille devant le crucifix que sa famille avait gardé pendant les 250 années de persécutions, et prie longuement, secouée de sanglots, jusqu'à ce que la paix revienne dans son âme. Nagaï prie lui aussi; le remords l'envahit à la pensée qu'il s'est toujours jeté tête baissée dans son travail, sans penser suffisamment à son épouse. Mais Midori se montre à la hauteur de la situation. Le lendemain, c'est un homme nouveau qui repart à son travail: l'acceptation totale de la tragédie de la part de Midori et son refus d'entendre parler de "négligence" l'ont rempli de force.

9 août 1945, onze heures et deux minutes. Un éclair aveuglant. Une bombe atomique vient d'exploser à Urakami, le quartier nord de Nagasaki. Dans la guerre qui les oppose au Japon, les dirigeants des États-Unis ont recours à une nouvelle arme terrifiante: la bombe A. Une première bombe à été lâchée sur Hiroshima, une deuxième dévaste Nagasaki: température 9 000°, 72 000 morts, 100 000 blessés. À l'université de médecine, située à 700 mètres du centre de l'explosion, Nagaï, qui classe des films radiographiques, est projeté sur le plancher, le côté criblé d'éclats de verre. Le sang coule abondamment de sa tempe droite... les objets tourbillonnent comme les feuilles mortes en automne. Bientôt, un flot ininterrompu de blessés: des silhouettes sanglantes, les vêtements arrachés, les cheveux brûlés, accourent à la porte de l'hôpital  Une vision d'enfer.

«Son chapelet!»

L'incendie s'approche de l'hôpital. On évacue les patients vers le sommet d'une colline voisine. Nagaï s'y dépense jusqu'à la limite de ses forces. À seize heures, l'incendie s'attaque au département de radiologie. Treize années de recherches, les instruments, la précieuse documentation, tout part en fumée. Le 10 août se passe à soigner les blessés. Le 11, le travail se fait un peu moins pressant, et Takashi part à la recherche de Midori, restée à la maison alors que les enfants et leur grand-mère sont en sûreté dans la montagne, depuis le 7 août. Il retrouve difficilement l'emplacement de son habitation dans une zone de tuiles et de cendres. Soudain, il découvre les restes carbonisés de son épouse. À genoux, il prie et pleure, puis ramasse les os dans un récipient. Quelque chose brille faiblement dans la poudre des os de la main droite: son chapelet!

Il incline la tête: «Mon Dieu, je vous remercie de lui avoir permis de mourir en priant. Marie, mère des douleurs, merci de l'avoir accompagnée à l'heure de la mort  Jésus, tu as porté la lourde croix jusqu'à y être crucifié. Maintenant, tu viens de répandre une lumière de paix sur le mystère de la souffrance et de la mort, celle de Midori et la mienne  Étrange destinée: j'avais tant cru que ce serait Midori qui me conduirait au tombeau  Maintenant ses pauvres restes reposent dans mes bras  Sa voix semble murmurer: pardonne, pardonne». Le pardon de Nagaï sera parfait. Il aimera à porter les chrétiens découragés par la perte de leur famille, à considérer la bombe A comme faisant partie de la providence de Dieu, qui tire toujours le bien du mal.

Le 15 août 1945, à midi, la radio transmet un message de l'Empereur annonçant la capitulation du Japon. Au début de septembre, Nagaï est mourant. Les radiations de la bombe A ont aggravé son mal. Il reçoit les derniers sacrements et dit: «Je meurs content», puis il tombe dans un demi-coma. On lui apporte de l'eau de la grotte de Lourdes construite non loin de là par le Père Maximilien Kolbe. «J'entendis, écrira-t-il, une voix qui me disait de demander au Père Maximilien Kolbe de prier pour moi. Je le fis. Puis, je m'adressai au Christ et lui dis: "Seigneur, je me remets entre tes mains divines"». Le lendemain matin, Takashi est hors de danger et il attribue au Père Kolbe (aujourd'hui canonisé) la rémission de six ans que lui laisse sa maladie.

«Moi, je veux y vivre le premier!»

Tandis que les habitants craignent de revenir à Urakami, Nagaï déclare: «Moi, je veux y vivre le premier!» Il se bâtit un abri près de son ancienne maison: quelques tôles posées sur un restant de mur. Devant, deux pierres forment un foyer de fortune au-dessus duquel pend un chaudron. À côté, une vieille bouteille sans col: la réserve d'eau. Comme vêtement: un des uniformes de marin distribués par l'armée aux sinistrés. Il commence à évacuer les débris de sa maison. Il y découvre le crucifix qui appartenait à l'autel familial: «Tout m'a été enlevé, dit-il; ce crucifix seul, je l'ai retrouvé».

Le 23 novembre 1945, Nagaï est invité à prendre la parole lors d'une Messe de Requiem célébrée à côté des décombres de la cathédrale d'Urakami. L'holocauste du Christ sur le Calvaire éclaire et donne sens à "l'holocauste" de Nagasaki: «Au matin du 9 août, dit Takashi, une bombe atomique explosait au-dessus de notre faubourg. En un instant, 8 000 chrétiens furent appelés à Dieu... À minuit ce soir-là, notre cathédrale prit soudain feu et fut consumée. À cet instant même, au Palais Impérial, Sa Majesté l'Empereur fit connaître sa décision... Le 15 août, l'édit impérial qui mettait fin aux combats fut officiellement promulgué et le monde entier aperçut la lumière de la paix. Le 15 août est aussi la grande fête de l'Assomption de Marie. Ce n'est pas pour rien que la cathédrale d'Urakami lui était consacrée... N'y a-t-il pas un rapport profond entre l'anéantissement de cette ville chrétienne et la fin de la guerre? Nagasaki n'était-elle pas la victime choisie, l'agneau sans tache, holocauste offert sur l'autel du sacrifice, tuée pour les péchés de toutes les nations pendant la deuxième guerre mondiale?... Soyons reconnaissants que Nagasaki ait été choisie pour cet holocauste! Soyons reconnaissants car, à travers ce sacrifice, la paix a été donnée au monde ainsi que la liberté religieuse au Japon».

Au printemps de 1947, la maladie de Takashi l'oblige à s'aliter dans sa cabane. Il lui faut résigner sa charge de professeur, et, de ce fait, il se trouve sans ressources. «Ma tête travaille encore, se dit-il. Les yeux, les oreilles, les mains et les doigts sont encore bons». Et il se met à écrire. Pour ses enfants encore bien jeunes, Makoto et Kayano, il rédige un recueil de conseils: «Mes chers enfants, aimez votre prochain comme vous-mêmes. Voilà la parole que je vous laisse. C'est par elle que je commencerai cet écrit, c'est peut-être bien par elle que je conclurai et encore par elle que je me résumerai». Ce message, son seul exemple aurait suffit à l'imprimer dans leurs coeurs. Toute l'existence de leur père a-t-elle été autre chose qu'un héroïque service du prochain, service qui le conduit aujourd'hui à la mort? Ce service, Nagaï veut y consacrer jusqu'à ses dernières heures.

Couché sur le dos, il écrit en tenant une planchette à dessin comme en emploient les écoliers. Il note: «En me réveillant ce matin à 1 heure, la fièvre était tombée. Après avoir bu le café du thermos, j'ai pu écrire jusqu'à sept heures du matin, le travail a bien avancé!» Il ne lui restera bientôt plus que la nuit pour écrire, car dès le matin les visiteurs s'annoncent, mais il ne leur montre aucune impatience: «Cela m'ennuie, écrit-il, mais puisqu'ils ont la gentillesse de venir ici, ne dois-je pas tâcher de verser un peu de joie dans leur coeur et de leur parler de notre espérance catholique? Je ne peux pas les renvoyer».

C'est dans ces conditions difficiles qu'il écrit et publie quinze volumes en quatre ans. Quel but se propose-t-il dans ses écrits? D'abord donner un compte-rendu fidèle de l'explosion atomique, à travers son expérience exceptionnelle et sa compétence personnelle, ensuite, travailler à l'établissement de la paix. Convaincu surtout qu'une paix durable ne peut se fonder que sur l'esprit d'amour qui resplendit dans la doctrine catholique, il considère comme sa vocation de propager le message chrétien.

Une seule garantie

À la fin de son livre «Les cloches de Nagasaki», il écrit: «Est-ce que l'humanité sera heureuse à l'âge atomique, ou bien misérable? Cette arme à deux tranchants cachée par Dieu dans l'univers et maintenant découverte par l'homme, qu'allait-on en faire? Un bon usage ferait progresser à grands pas la civilisation; un mauvais détruirait le monde. La décision repose dans le libre vouloir de l'homme. Celui-ci tient son destin dans ses mains. En y songeant, on se sent pris de terreur et, pour ma part, je crois qu'un véritable esprit religieux est la seule garantie en ce domaine... À genoux dans les cendres du désert atomique, nous prions pour que cet Urakami soit la dernière victime de la bombe. La cloche sonne... O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous».

En mars 1951, l'état de santé du docteur est alarmant, sans altérer pour autant son habituelle bonne humeur. En avril, il écrit son dernier livre. À peine l'a-t-il achevé, qu'il est victime d'une hémorragie cérébrale. On le transporte à l'hôpital où il perd connaissance. Revenu à lui, il dit à haute voix: «Jésus, Marie, Joseph», puis plus faiblement: «Je remets mon âme entre vos mains». Bouleversée, l'infirmière donne le grand crucifix de famille à Makoto, son fils, pour qu'il le porte à son père. Celui-ci le prend et s'écrie d'une voix étonnamment forte: «Priez, s'il vous plaît, priez »; aussitôt c'est la fin  en réalité, tout commence en Dieu, et Nagaï retrouve «Midori à ses côtés», comme il l'avait souhaité six ans auparavant. C'est le 1er mai, début du mois de Marie.

Lors des obsèques, à la cathédrale d'Urakami, le maire de Nagasaki fait la lecture solennelle de 300 messages de condoléances, en commençant par celui du Premier Ministre. À la fin de la cérémonie, la foule se met en route pour le cimetière, à un kilomètre et demi au sud; la tête de la procession y parvient alors que la majeure partie n'a pas encore quitté la cathédrale. Takashi Nagaï est enterré à côté de Midori. Pour la tombe de celle-ci, il avait choisi comme épitaphe: Je suis la servante du Seigneur. Qu'il me soit fait selon votre parole (Lc 1, 38); pour la sienne: Nous sommes des serviteurs inutiles. Nous avons fait ce que nous devions faire (Lc 17, 10). Son influence s'étend grâce à ses livres (dès 1948, on les lisait partout au Japon) qui ont fourni une contribution remarquable à l'éducation sociale de ses concitoyens et à l'évangélisation de son pays.

Demandons à la Très Sainte Vierge et à saint Joseph, pour nous et tous ceux qui nous sont chers, une vraie conversion, un amour du prochain poussé jusqu'au sacrifice suprême, et une sainte mort qui nous introduise dans le bonheur éternel du Ciel.

Dom Antoine Marie osb, abbé

Ils sont 188, qui vivaient il y a quatre siècles et qui seront béatifiés dans un an. Dans cette même ville, en 1945, les deux tiers de la population catholique du Japon ont été tués en un seul jour. Etait-ce là un choix délibéré?

par Sandro Magister





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