mardi 16 septembre 2008

[Bakchich Ferraye] Le nom de Nicolas Sarkozy vient d'être cité dans une affaire de corruption


La police judiciaire cite à nouveau le nom de Sarkozy dans une affaire de corruption

Dans un rapport de police du 5 mars 2007, remis à deux juges d'instruction, un flic insolent écrit noir sur blanc qu'une société a été créée au Luxembourg en 1994, « avec l'aval du ministre Nicolas Sarkozy » et de « Nicolas Bazire, directeur de cabinet d'Edouard Balladur », dans le but de distribuer de discrètes commissions sur des ventes de frégates, de sous-marins et autres joujoux.

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Un rapport de la DNIF du 5 mars 2007 évoque le rôle, en 1994, de Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget du gouvernement Balladur, dans la création d'une société luxembourgeoise destinée à distribuer de discrètes commissions sur des contrats d'armements
© Mor

Comme Bakchich le révélait le 25 juin dernier, la justice a ouvert à Paris un dossier concernant des enquêtes effectuées par une poignée de barbouzes pour le compte de l'ancienne Direction des constructions navales, devenue aujourd'hui DCNS. Des perquisitions dans les locaux de ce saint des saints de l'armement, où sont conçus et fabriqués les bateaux, frégates et autres sous-marins, et de DCN International (DCNI), sa branche commerciale d'alors, ont permis aux flics de la Division nationale des investigations financières (DNIF, un service de la direction centrale de la police judiciaire) de ramener du gros dans leurs filets : les preuves des filières de commissions distribuées par l'appareil d'État à l'occasion de la vente à l'étranger de ses frégates et ses sous-marins.

Selon les documents récupérés, deux petites sociétés, Heine et Eurolux Gestion, créées au Luxembourg sous la houlette de Jean-Marie Boivin, un ancien cadre maison à l'entregent important (contacté jeudi 11 septembre, il n'a pas souhaité répondre à nos questions) ont joué un rôle clé pour acheminer discrètement les commissions. Heine était utilisée avant la mise en place de la convention de l'OCDE, qui interdit de graisser la patte à des ministres ou fonctionnaires étrangers. Après l'entrée en vigueur de ce texte international, la structure Eurolux a été créée. « Après 2002, Eurolux a servi à contourner la mise en place de la convention OCDE de lutte contre la corruption », a expliqué l'un des mis en examen dans le dossier, comme l'a rapporté Le Monde.

Le feu vert de Nicolas Sarkozy

Les policiers ne s'y sont pas trompés et un rapport de la DNIF du 5 mars 2007, analysant ces documents, prête un rôle clé à Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget du gouvernement d'Edouard Balladur et homme de confiance du Premier ministre. On est alors en 1994 et les équipes de Balladur se préparent à entrer en campagne. Reconnaissant à la société luxembourgeoise Heine le rôle de tuyau à commissions, les flics évoquent dans leur synthèse que Bakchich a pu consulter l'un des docs mis sous scellé : « Une chronologie fait apparaître que la création de la société Heine au deuxième semestre 1994 s'est faite après accord de Nicolas Bazire, directeur de cabinet d'Edouard Balladur, et du ministre Nicolas Sarkozy, et fait un lien entre ces faits et le financement de la campagne électorale de Monsieur Balladur pour l'élection présidentielle de 1995 ».


Traduction : Sarkozy et Bazire, alors les deux plus proches collaborateurs d'Edouard Balladur et aujourd'hui meilleurs amis du monde (Nicolas Bazire fut le témoin de mariage du président avec Carla Bruni) ont donné leur feu vert à la création par une société d'armement d'une structure planquée à l'étranger permettant la rémunération opaque d'intermédiaires et pouvant servir à la campagne électorale des balladuriens. Rien que ça.

De l'argent baladeur dont les destinataires réels restent mystérieux

Interrogé par les policiers de la DNIF le 4 juin 2008, l'ancien directeur financier de DCNI confirme : « Nicolas Bazire est d'accord pour la création de Heine, comme M. Sarkozy ». Et le cadre en question d'évoquer des paiements relatifs à la vente au Pakistan de sous-marins à l'intermédiaire Ziad Takieddine, dont Bakchich a déjà noté le rôle majeur à cette époque dans l'entourage de Balladur et de François Léotard, alors ministre de la Défense. Ce mégacontrat avec le Pakistan, d'un montant de 840 millions d'euros devait, selon la déposition de cet ex-cadre de DCNI, rapporter 4%, soit 32 millions de commissions à Takieddine, via sa société panaméenne Mercor Finance. De l'argent baladeur dont les destinataires réels restent mystérieux… Comme nous le révélions ici, l'intermédiaire jugé trop balladurien a été viré dès l'accession de Jacques Chirac à l'Elysée.

En 1997, 6,74 millions d'euros transitent par la coquille du Luxembourg

Selon les déclarations faites à la Direction générale des impôts en 1998 par DCN International, les commissions versées via la société Heine s'élèvent – pour l'année 1997 – à 6,74 millions d'euros (44 227 196 francs). Des codes indiquant les contrats concernés sont inscrits en regard des sommes mais, hormis celui de « Garoh » qui est le nom du marché de patrouilleurs vendus au Koweït en 1998, les autres restent mystérieux : « LTLS-BOA), « Modfrag » et « divers », terme explicite à défaut d'être transparent…

Mais bon, tout cela semble relever selon le parquet de Paris de sujets tout juste bon à intéresser les journalistes… mais pas les juges. Les documents figurent pourtant au dossier des magistrats Françoise Desset et Jean-Christophe Hullin : répartitions d'argent, contrats d'intermédiaires, sociétés immatriculées au pays du Grand Duc, tout y est si l'on veut bien gratter. Mais habile procédurier, le procureur de la République Jean-Claude Marin a circonscrit l'enquête à quelques barbouzes payés par DCN. Ces derniers se renseignaient tous azimuts sur l'avancement du dossier des frégates de Taiwan, sur les activités d'Alain Gomez, l'ex-patron de Thomson-CSF (devenue Thales) ou sur le décès d'un employé de la même boite, Bernard d'Escrivan, dont la mort a semble-t-il intrigué la direction de DCNI.

Mais sur les bénéficiaires réels des commissions des contrats d'armement, personne ne cherche à savoir.

Lire ou relire dans Bakchich la trépidante enquête sur la DCN et les caisses noires de l'armement menée en juin. Bakchich a sur ce sujet délicat publié en exclusivité six articles étayés de documents confidentiels et inédits. Nous avons décortiqué dans ces six articles les filières qui ont permis à de mirifiques commissions de s'évaporer. Ventes de frégates, sous-marins, torpilleurs et autres bateaux militaires : autant de marchés juteux passés par les pouvoirs de droite comme de gauche au cours des années 1990. Mais dans lesquels la justice s'évertue à ne pas vouloir mettre son nez.

Durant deux ans d'enquête préliminaire, les flics ont découvert à la Direction des constructions navales (DCN) les caisses noires des grands marchés d'armement français de ces dernières années. Pour l'instant, la justice qui vient de confier le dossier à (…)
« Bakchich » a pu se procurer des documents confidentiels sur le fonctionnement de la Direction des constructions navales (DCN), montrant notamment le rôle clé joué par l'intermédiaire Ziad Takiedine, à l'époque où Edouard Balladur était Premier (…)
Comme l'a révélé hier « Bakchich », les mises en examen commencent à tomber dans l'affaire de la Direction des constructions navales, notamment le mercredi 25 juin, contre un ancien de la Dst, qui menait de discrètes missions pour nos vaillants vendeurs (…)
Ventes de frégates, sous-marins, torpilleurs et autres bateaux militaires : autant de marchés juteux signés par nos hommes politiques et les industriels, et dont « Bakchich » raconte les coulisses. La bagarre qui a déchiré la droite pour la (…)
Pour vendre des sous-marins au Chili en 1997, Jacques Chirac et Lionel Jospin ont laissé la Direction des constructions navales faire appel aux services d'un des conseillers les plus proches du général Pinochet. Et ce contrat juteux court encore (…)

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Forum

  • La police judiciaire cite le nom de Sarkozy dans une affaire de corruption
    le vendredi 12 septembre à 10:36, JiBé a dit :
    Et le montant des commissions ne serait pas passépar hasard sur des comptes de Clearstream ?
    • Clearstream a bon dos…
      le vendredi 12 septembre à 11:17, Rastreins a dit :
      Loin de moi l'idée de défendre la caisse de compensation interbancaire Clearstream. On notera toutefois qu'à la même époque Luxembourg comptait quelque 10.000 holdings et sociétés de participation financière dont les agissements n'étaient suivis judiciairement que par un substitut à mi-temps… Assommé par le scandale de la banque islamique BCCI (alias banque de commerce et d'escroquerie internationale chez les persifleurs), le Luxembourg était bien en peine de maîtriser les turpitudes dont il était le siège. Doté, depuis, d'une Banque Centrale et d'une autorité financière (CSSF), il a redressé sa barque et son image, se spécialisant dans l'industrie des fonds d'ivestissement. Alors Clearstream, dans ce binzz, sorry mais c'est trop court !
      • Clearstream a bon dos…
        le vendredi 12 septembre à 17:35, JiBé a dit :

        Cachez ce sein que je ne saurai voir et tartuffe ne nous prenez pas pour des truffes !

        Ressucitez Denis Robert !

    • La police judiciaire cite le nom de Sarkozy dans une affaire de corruption
      le vendredi 12 septembre à 12:19
      • La police judiciaire cite le nom de Sarkozy dans une affaire de corruption
        le vendredi 12 septembre à 13:58, Naunaute a dit :
        Clearstream, la machine qui lave plus blanc que blanc !
  • La police judiciaire cite le nom de Sarkozy dans une affaire de corruption
    le vendredi 12 septembre à 09:35
    Enfin un article sérieux, sur le Président à la probité irréprochable….




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