Des soldats israéliens marchent devant un tank Merkava le long de la frontière avec le Liban en août 2006. Une scène qui pourrait se reproduire prochainement si Israël lance une offensive contre la bande de Gaza, ou si une frappe est effectuée contre l'Iran, ce qui pourrait déclencher une riposte du Hezbollah libanais. (David Furst/AFP/Getty Images) Un ministre israélien menace ouvertement l'Iran Une série d'indicateurs pourraient laisser croire à une prochaine intervention militaire contre l'Iran. Mais durant les dernières années, différents évènements et déclarations ont également laissé planer, à plusieurs reprises, l'imminence d'un tel geste. En quoi la situation actuelle est-elle différente? Les trois dernières semaines, dans l'actualité connue du public, ont été riches en évènements significatifs. Le 6 juin, un haut responsable israélien a déclaré qu'une attaque contre l'Iran était pratiquement inévitable. «Si l'Iran continue avec son programme de développement d'armes nucléaires, nous allons l'attaquer. Les sanctions sont inefficaces», s'est confié au quotidien Yediot Ahronot le vice-premier ministre, Shaul Mofaz. «Attaquer l'Iran, pour mettre fin à ses plans nucléaires, sera inévitable», a ajouté M. Mofaz, également ministre du Transport et ex-ministre de la Défense.
Des responsables israéliens ont sévèrement critiqué M. Mofaz et l'ont accusé d'utiliser cette tactique pour augmenter sa visibilité politique. On estime que Mofaz souhaite obtenir le poste de premier ministre. Mais ses propos faisaient écho – avec un peu plus de piquant – à une déclaration de l'actuel premier ministre quelques jours plus tôt.
«La communauté internationale a le devoir et la responsabilité de clarifier à l'Iran, par des mesures drastiques, que les répercussions de sa poursuite continue d'armes nucléaires seront dévastatrices», a déclaré Ehud Olmert. Même son de cloche chez un troisième ministre israélien au cours de la même période. «Ces jours-ci sont décisifs, et l'inhabileté à construire un consensus international contre l'Iran sera interprétée dans notre région comme [un signe de] faiblesse», aurait affirmé la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, dans une rencontre à huis clos. Suite aux affirmations de M. Mofaz, la Maison-Blanche n'a pas voulu déclarer si elle appuierait une frappe d'Israël contre l'Iran, se limitant à dire que la politique américaine sur l'Iran avait été assez clairement énoncée dernièrement. Washington dit vouloir gérer cette affaire par la diplomatie, mais «l'option militaire est toujours sur la table». L'Iran insiste toujours que son programme nucléaire n'a pas de fins militaires. Un rapport du renseignement américain l'année dernière suggérait que Téhéran avait abandonné la recherche d'armes nucléaires en 2003. Néanmoins, l'Iran demeure la plus grande menace régionale pour Israël et les États-Unis de par son soutien actif au Hezbollah libanais, au Hamas palestinien, à l'insurrection chiite irakienne, etc.
Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, est quant à lui un habitué des menaces proférées contre l'État hébreu. Il a, la semaine dernière également, déclaré qu'Israël allait disparaître, avec ou sans la participation de l'Iran. «Le président [George W.] Bush est très intéressé à une attaque militaire contre l'Iran», a-t-il aussi affirmé, selon Reuters. «Le peuple iranien est la nation du monde la plus attachée à la paix, mais nous croyons que la paix peut être durable et sensée seulement lorsqu'elle est fondée sur la justice.» Plusieurs sont d'avis que l'administration Bush lancera une attaque contre l'Iran avant la fin de son mandat. Le National Intelligence Estimate de l'année dernière, qui indiquait que l'Iran avait cessé de chercher à développer l'arme nucléaire, avait toutefois refroidi la rhétorique anti-iranienne du président américain. Mais Washington pourrait avoir d'autres cartes dans son jeu pour justifier une attaque. Sans aucun doute l'Iran développe une capacité pouvant produire des armes nucléaires, et l'instabilité en Irak lui est en partie attribuée. Outre les déclarations de politiciens à l'emporte-pièce laissant présager un conflit, tant du côté israélien que du côté iranien, d'autres évènements pourraient être interprétés comme des signes avant-coureurs d'une frappe préventive. Ehud Olmert était aux États-Unis la semaine dernière pour discuter avec le président américain. Bien que peu d'informations aient filtré sur la nature précise de leurs échanges, il semblait évident que le thème principal concernait le cas de l'Iran. Selon le Jerusalem Post, Olmert serait sorti de cette rencontre avec «moins d'interrogations» sur comment gérer la question iranienne. Au même moment où Olmert visitait Bush, le directeur du renseignement américain, Mike McConnell, était en Israël pour rencontrer les responsables de l'espionnage. On est porté à croire qu'il s'agissait d'une expérience visant à mettre au même niveau les informations des deux pays sur l'Iran, de manière à ce qu'une stratégie conjointe puisse être établie. Car le National Intelligence Estimate de 2007 avait été autant un coup dur pour Bush que pour Israël. Ajoutant à ces échanges fréquents, le président américain était en Israël à la mi-mai.
Les frappes préventives israéliennes contre des installations nucléaires ont deux précédents, soit l'Irak au début des années 1980 et la Syrie l'année dernière. Selon le renseignement américain, l'armée de l'air israélienne aurait détruit un complexe nucléaire syrien construit avec l'aide de la Corée du Nord. Outre le front iranien, Israël serait en train de préparer une offensive contre la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas depuis un an.
Advenant une frappe contre l'Iran, il serait normal qu'autant le Hamas que le Hezbollah lancent des ripostes contre l'État hébreu. Lors du conflit ouvert entre Israël et le Hezbollah en 2006, l'organisation chiite radicale avait prouvé son efficacité en résistant à l'incursion israélienne en sol libanais. Deux ans plus tard, le Hezbollah pourrait être encore plus fort et il a démontré son potentiel organisationnel dernièrement lorsqu'il a renversé, avec violence et barrages routiers, la décision du gouvernement libanais d'éliminer son système de communications. Une opération d'Israël dans la bande de Gaza pourrait être un préalable à toute action contre l'Iran, question de neutraliser un front.
Selon Gordon Thomas du G2 Bulletin, une publication spécialisée dans le renseignement, Hamas et Hezbollah, sous la direction de leur maître l'Iran, prépareraient une offensive coordonnée contre Israël cet été. Thomas se réfèrerait à de l'information obtenue provenant du très secret MI6 britannique, organe chargé de l'espionnage extérieur. Le MI6 saurait, selon Thomas, que les Gardiens de la révolution iraniens ont entraîné des centaines de combattants du Hamas dans diverses techniques, allant de l'utilisation d'armes antichars, à la cueillette de renseignements et l'infiltration de villes israéliennes. Il est impossible de vérifier ces informations. Tout de même, un été chaud en perspective.
Avec Reuters, Jerusalem Post, BBC News, G2 Bulletin, Telegraph. |
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